Les grandes marches triomphales des malabares (Le Quesnoy, 1840-1846)
Résumé
L’histoire d’une ville est jalonnée de créations parfois fort intéressantes mais éphémères, et qui disparaissent assez vite de la mémoire collective. Il faut le hasard d’une recherche pour qu’on en retrouve la trace bien longtemps après. C’est ce qui s’est passé pour une société qui a existé au Quesnoy sous Louis Philippe. Son existence a été courte, vite oubliée. Arthur Dinaux n'en parle pas dans sa relation de la Fête des Incas de 1851. Seule la lecture des journaux du temps permet de la remettre au jour près de deux siècles plus tard. Il s’agit de la société philanthropique des Malabares qui. apparue en 1840, disparaît en 1845. Le 1er mars 1840, la petite ville du Quesnoy voyait se répandre dans les rues une bande de joyeux drilles costumés qui, chantant et dansant. démontraient fort bruyamment que Carnaval n’était pas mort. C’était la première sortie d’une société carnavalesque locale qui venait de se constituer « pour le soulagement des pauvres » et qui avait pris le nom curieux de Malabares. - Malabares - L’appellation prête à sourire. S’agissait—il de costauds impressionnants aux épaules larges qui cherchaient à imposer leur loi dans une ville habituellement paisible? Au contraire. Le bourgeois en haut de forme, sa femme et sa fille pouvaient se rassurer. Maîtres de la rue. les Malabares l’étaient, mais pour une journée seulement, avec l‘autorisation du pouvoir municipal; et surtout, s’ils s’amusaient, c’était pour une bonne cause. Les jeunes de la ville participaient à leur façon à une oeuvre de solidarité, faisant d’un carnaval, joyeux mais discipliné, un moyen de venir en aide aux plus démunis.